mardi 22 mai 2012

Mortalité accrue pour les patients admis en retard en réanimation faute de place (étude française)

Les patients qui sont hospitalisés en réanimation avec retard faute de lits disponibles présentent un risque de décès accru, montre une étude française à paraître dans l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine (AJRCCM).

En France, l'offre en lits de réanimation varie de manière considérable, entre 0,27 à 2,37 lits pour 10.000 habitants. Plusieurs études ont suggéré que les patients refusés en réanimation avaient un risque accru de décès mais qui pourrait être lié à leur état beaucoup trop grave, rappellent le Pr René Robert du CHU de Poitiers et ses collègues de l'Association des réanimateurs du Centre Ouest (Arco).

Dans cette étude financée par le CHU de Poitiers et bénéficiant du soutien d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), ils ont voulu évaluer l'impact d'une admission en réanimation retardée faute de place disponible.

Pour cela, ils ont conduit une étude prospective dans 10 services de réanimation (131 lits) de l'Ouest de la France, zone qui présente la plus faible densité de lits de réanimation, auprès des patients leur étant adressés pendant 45 jours.

Sur 1.332 patients, 1.139 ont pu être admis immédiatement (délai d'attente médian de 80 minutes) et 193 ont été refusés initialement, faute de place. Parmi eux, 89 ont été finalement admis lors de l'adressage suivant (délai médian 5h09) et 39 parce qu'un autre lit avait été libéré (délai médian de 3h15), 65 n'ont jamais été admis en réanimation mais ont été hospitalisés dans d'autres services.

Au cours de l'étude, les services de réanimation étaient saturés pendant 43,6 jours en moyenne.



La courbe de survie de Kaplan-Meier montre une plus grande mortalité chez les patients initialement refusés en réanimation faute de place, en particulier à sept jour, avec un taux de décès de 21,9% contre 15,6% parmi les patients admis immédiatement.

L'analyse multivariée des données montre que ce sont en particulier les patients admis en réanimation lors de l'adressage suivant qui présentent une mortalité significativement accrue à deux mois de suivi par rapport aux patients admis immédiatement, avec un risque relatif rapproché de 1,83.

La mortalité n'était pas plus élevée pour les patients admis finalement lorsqu'une place s'est libérée ou pour ceux hospitalisés dans un autre service.

Cette étude confirme l'importance d'une admission précoce en réanimation et qu'un nombre de lits de réanimation inapproprié aux besoins peut entraîner des décès, concluent les chercheurs.

(American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, édition en ligne du 16 février)

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